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Territoire

Le territoire

Le territoire du Comité Zone d’Intervention Prioritaire (ZIP) du Haut Saint-Laurent s’étend de la frontière américaine à Dundee jusqu’aux limites de la municipalité de La Prairie sur la rive sud du fleuve et des limites ontariennes jusqu’au pont Galipeault sur la rive nord. Le Comité ZIP du Haut Saint-Laurent couvre notamment le territoire de la MRC Beauharnois-Salaberry, la MRC Vaudreuil Soulanges, la MRC de Rousillon ainsi que la MRC du Haut-Saint-Laurent.

Ce territoire englobe 8 villes et 16 municipalités

Deux communautés autochtones

Lac Saint-François

Le lac Saint-François fait partie de la formation physiographique des basses terres du Saint-Laurent. C’est le premier élargissement naturel du fleuve. Il a une superficie de 233 km², s’étend sur 50 km, a une largeur maximale de 7,5 km et un volume de 2,8 km³ d’eau. De cette superficie, 160 km² sont en territoire québécois, le reste étant réparti entre l’Ontario (74 km²) et les États-Unis (7 km²).
Il s’étend du barrage Moses Saunders de Cornwall/Massena à l’ouest jusqu’au canal de Beauharnois et au barrage des Coteaux à l’est. Il comprend 2 parties : en amont, un petit delta où plusieurs chenaux bordent de nombreuses îles et, en aval, une partie plus fluviale formée par l’étalement du fleuve.
Son débit annuel moyen est de 7 720 m³/sec à l’entrée du lac et de 7 864 m³/sec à sa sortie, ce qui correspond à un apport de 144 m³/sec par les tributaires. Seulement 3 de ces tributaires sont en territoire québécois, soit les rivières Beaudette, sur la rive nord, aux Saumons (à la frontière entre Dundee et la réserve d’Akwasasne) et La Guerre sur la rive sud. La vitesse du courant est de 2 à 3 mètres/sec dans le chenal principal, mais varie entre 0,05 m/sec et 0,2 m/sec dans les masses d’eau latérales.
Des études de l’Université d’Ottawa (Boudreau et al.) démontrent que l’eau du chenal de la Voie maritime du St-Laurent traverse directement le lac pour se rendre en très grande partie dans le canal de Beauharnois. La nappe d’eau de part et d’autre du chenal de la voie maritime est soumise à des courants plus lents qui favorisent la sédimentation. Ces zones de sédimentation de matériaux fins constituent des habitats propices au développement d’herbiers aquatiques et de marais.
Le lac Saint-François est régularisé par des barrages à chaque extrémité. Les principaux changements sont survenus avec la construction de la Voie maritime du St-Laurent et des barrages hydroélectriques de Moses Saunders, à Cornwall/Massena, et de Beauharnois, à Melocheville. La construction de ce dernier barrage a causé un haussement de près de 40 cm du plan d’eau à la fin des années ’20, favorisant ainsi la formation de marais en empiétant principalement sur les terres agricoles.
Au cours des années, le niveau a été stabilisé; le niveau annuel moyen ne varie plus que d’une quinzaine de centimètres. Malgré cette stabilisation, le niveau des eaux varie au cours des mois. C’est durant les mois d’hiver que le niveau est le plus élevé. De mai à novembre, le niveau demeure assez stable malgré une hausse au mois d’août. Ainsi les fluctuations du niveau de l’eau du lac diffèrent nettement de celles d’un plan d’eau naturel où l’on retrouve une crue printanière et un étiage marqué à la fin de l’été. Le contrôle du niveau des eaux a éliminé les fluctuations saisonnières du niveau du lac et a ainsi considérablement réduit la superficie de sa plaine inondable. Cette plaine sert habituellement au printemps d’aires de reproduction, d’alevinage et d’alimentation à de nombreuses espèces de poissons.
Des études indiquent que le lac a été touché principalement par deux types de modifications : l’assèchement des milieux humides et le dragage. L’assèchement est associé au développement résidentiel et industriel qui a entraîné le remplissage, le drainage et la perte d’une grande partie des herbiers aquatiques et des marécages, milieux dont dépendent la sauvagine et les poissons pour leur alimentation, leur reproduction et l’élevage des jeunes.
Le dragage et les dépôts de résidus de dragage, principalement en eau profonde, ont été effectués lors de la construction et de l’entretien de la voie maritime. Aucun dragage n’a été effectué depuis plusieurs années dans la partie québécoise du lac. Le long de la rive sud, à Saint-Anicet et Sainte-Barbe, et de la rive nord, à Saint-Zotique, des canaux perpendiculaires à la rive ont été creusés dans les herbiers aquatiques pour faciliter l’accès à la rive et, dans certains cas, pour assurer le drainage des terres avoisinantes. Les matériaux ainsi dragués ont été déposés en rive dans la prairie humide, de manière à surélever le sol et à permettre la construction de chalets.

Entre deux lacs

La portion du fleuve que l’on appelle « Entre deux lacs » fait partie de la région physiographique de la plaine du Saint-Laurent et s’étend de Salaberry-de-Valleyfield à Beauharnois sur un territoire de 470 km². Elle comprend l’ensemble des voies d’écoulement des eaux du lac Saint-François jusqu’au lac Saint-Louis, soit le canal de Beauharnois, la rivière Saint-Charles, l’ancien lit naturel du fleuve, le canal de Soulanges de même que les milieux terrestres adjacents (figure 2). À l’origine, ce tronçon était fortement dénivelé et quatre zones de rapides y interdisaient le passage des navires. Cependant, la configuration des lieux a été radicalement modifiée au cours du 20e siècle (voir section 1.1.2). Aujourd’hui, la plus grande partie du débit fluvial passe par le canal de Beauharnois (84%) ; le reste emprunte la rivière Saint-Charles (0,4%), le parcours originel du fleuve (15%) et le canal de Soulanges (0,6%) qui a été aménagé en une série de bassins artificiels en paliers rejoignant le lac Saint-Louis.

Le paysage du secteur « Entre 2 lacs » a considérablement changé au fil du temps. L’occupation humaine remonte à plusieurs siècles, dès 2000 ans av. J.-C., comme en témoignent les indices découverts sur le site archéologique de la Pointe-du-Buisson à Melocheville. Jusqu’au XVIIIe siècle, les eaux du lac Saint-François empruntaient les rapides entre Coteau-du-Lac et Pointe-des-Cascades sur une longueur de 21 kilomètres pour atteindre le lac Saint-Louis, 25 mètres plus bas.

Sous le régime français, on se contenta de nettoyer les rives du fleuve le long des zones de rapides, d’élargir les sentiers des amérindiens et de créer quelques rigolets servant à protéger les embarcations des eaux agitées. C’est sous le régime britannique qu’on construisit en 1780 à Coteau-du-Lac un premier canal à écluses pour le transport des hommes et des marchandises vers le Haut Canada. Trois autres canaux s’ajoutèrent pour traverser les zones de rapides et, en 1804, c’est à Pointe-des-Cascades que se construisit un canal mieux adapté aux bateaux de l’époque.
De 1842 à 1845, le premier canal de Beauharnois est construit afin de permettre aux bateaux provenant du lac Saint-Louis d’éviter les rapides et d’accéder au lac Saint‑François ; on assiste alors à la naissance de Salaberry-de-Valleyfield (figure 4). Ce canal de navigation demeure en opération jusqu’en 1906.
De 1892-1899, on procéda à la construction d’un second canal de navigation, le canal de Soulanges, qui prit la relève du premier canal de Beauharnois jusqu’en 1959. La période de 1900 à 1945 fut l’époque des grands travaux. Elle se caractérise par la mise en place d’ouvrages voués à la production d’hydroélectricité et par la dérivation des eaux du fleuve (figure 5) (voir section 1.4.1.5)
Le transport maritime et la production d’électricité à partir de l’eau a été un élément important de l’histoire de la région. Monsieur R.O. Sweezey, un ingénieur de Montréal, (Lasserre, 1980) avait la conviction que le meilleur moyen d’aménager cette section fluviale était d’utiliser un ancien bras du cours d’eau rempli d’argile de la mer de Champlain, sur la rive droite. Cela permettait non seulement de prolonger le niveau du lac Saint-François jusqu’au contact du lac Saint-Louis et d’y installer une seule centrale exploitant la totalité de la dénivellation utile entre les deux lacs, mais aussi de résoudre le problème de la navigation en construisant deux écluses à côté de l’usine génératrice. Au début des années 1930, on commence le creusage du nouveau canal de Beauharnois et la construction de la centrale de Beauharnois. La mise en place des écluses et l’inauguration de la Voie maritime du Saint-Laurent en 1959 firent fermer le canal de Soulanges.
La construction du canal de Beauharnois a nécessité l’excavation de près de 200 millions de mètres cube de matériaux terrestres qui ont été déposés en rives pour constituer 21 bassins et sous-bassins de décantation.

Lac Saint-Louis

Le lac Saint-Louis fait partie de l’archipel de Montréal et il est le deuxième plan d’eau d’importance dans l’axe fluvial en aval de Cornwall. Il est bordé au nord par les rapides de Sainte-Anne; à l’ouest par les rapides de Vaudreuil qui relient le lac Saint-Louis au lac des Deux Montagnes; au sud-ouest, par le lit du fleuve Saint-Laurent et le canal de Beauharnois; à l’est, par les rapides de Lachine. La rivière des Outaouais, via le lac des Deux Montagnes, est le principal tributaire du lac Saint-Louis.
Le territoire à l’étude concerne une partie du bassin du lac Saint-Louis, ayant un périmètre de 79 km sur un total de 111 km (131.5km/166km en incluant les îles), ce qui représente près de 75% du lac. Au niveau du territoire, l’ensemble des municipalités riveraines s’étend de Melocheville à la Réserve amérindienne de Kahnawake sur la rive sud, de Pointe-des-Cascades à Vaudreuil-Dorion sur la rive nord-ouest et comprend également les municipalités de l’île Perrot.

En 1991, le territoire comptait environ 100 000 habitants et malgré une forte urbanisation, il reste des territoires non développés et des habitats naturels de grande valeur. Le lac Saint-Louis et ses abords sont depuis longtemps reconnus pour leur potentiel récréatif. Ce lac est l’un des endroits les plus favorables pour les activités récréatives dans l’archipel de Montréal.

Les rives du lac sont caractérisées par un niveau élevé de privatisation et d’artificialisation sur l’ensemble du territoire. Le tableau 1 dresse un portrait des différentes affectations du territoire du lac Saint-Louis.